Environnement Antennes

 
 


Certains appelleront ça  : «  Vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué  », en ce qui me concerne, il s’agit simplement de l’anticipation du dénouement prochain d’un long combat auquel notre association a largement participé. Depuis quand demanderez- vous  ? Question judicieuse qui en amène une autre  : Depuis quand ce fameux pylône défigure-t-il notre environnement et pourquoi  ?

Je pense que pour bien comprendre, il convient de faire un rapide historique  des raisons qui ont présidé à son érection, remontons donc le cours du temps.



 
REQUIEM pour un PYLONE DÉFUNT

Nous sommes en 1986 les socialistes sont au pouvoir, François Mitterrand  président et les français ont à leur disposition trois chaînes de télévision nationales et gratuites  : La Une, la Deux et la Trois et Canal +, première chaîne privée et payante.

Il est donc décidé et, c’est aussi une première, de créer de nouvelles chaînes privées gratuites celles-là. Dans un premier temps, La 5 et plus tard, La 6. Des appellations plus originales viendront avec la multiplication des opérateurs.

C’est à Sylvio Berlusconi qu’on ne présente plus, déjà rompu en Italie à ce genre d’exercice et à  Jérôme Seydoux des «  Chargeurs réunis  » qu’est confié le soin de cette naissance.

Opération réussie. Le gratin des présentateurs  s’empresse de proposer ses services pour participer à ce lancement hautement médiatisé. Patrick Sabatier, Patrick Sébastien, Philippe Bouvard, Jean Claude Bourret et bien d’autres, on ne peut les citer tous, veulent participer à ce qui est   «   l’Evénement  ».

Mais déjà, les oppositions se manifestent. Les autorisations d’émetteurs refusées, (la notre ne le fut hélas pas  !) Limitent la couverture nationale, l’affaire devient vite politique et sous la pression des opérateurs présents ou à venir, la condamnation est prononcée. Les vedettes s’empressent de réintégrer leurs anciennes chaînes, à l’exception de Bouvard et de Bourret, ce dernier combattant jusqu'à « L’écran noir  » du 12 avril 1992 à minuit et même après. Les concurrents se partagent des dépouilles, certaines toujours 25 ans plus tard, en exploitation sur les multiples chaînes du PAF  ! 

Et le pylône me direz vous, créé pour la 5, pourquoi ne disparaît-il pas avec elle  ? Eh bien tout simplement parce que c’est une aubaine pour le concessionnaire TDF qui l’assortira au fil du temps d’une multitude d’émetteurs de tout poils  : TV, Radio et Téléphonie cellulaire.

Pourtant, en février 1986, ce n’est pas lui qui ouvre le bal, mais un émetteur provisoire sur le château d’eau de Moscou, déjà  !

Le pylône  «  Notre pylône  » ne deviendra opérationnel qu’en juillet 1987.

Il faut bien le dire, son apparition se fera dans l’indifférence pour les uns, la satisfaction pour les autres, la majorité, heureux de visionner des émissions et surtout des séries, venues des Etats Unis  : Happy Days, Arabesque, Arnold et Willy, K200 et bien d’autres encore sans oublier l’inoxydable Derrick qui, lui n’aura qu’à passer le Rhin pour s’installer durablement dans le paysage audio visuel et y battre sûrement des records de longévité.

Indifférence, satisfaction, pas pour tout le monde. L’association les   «  Amis de la Terre  »  s’intéresse aussi aux émissions, pas à leur contenu, mais à leur support, ces ondes électro magnétiques qui commencent et n’ont pas fini de faire parler d’elles.



Dès 1993 Sylvette Strickler et Gérald Baillot se rendent à la Mairie pour rencontrer monsieur Dufetelle adjoint délégué à l’environnement afin de lui faire part  des inconvénients constatés par les habitants proches de l’émetteur. Les riverains se plaignent de perturbations tant sur leurs appareils électriques et électroniques que sur leur santé physique. Insomnies, migraines sont le plus souvent citées mais, on redoute à long terme des conséquences plus graves et on évoque à ce sujet le «  Principe de précautions  »

Sylvette Strickler porte parole des riverains adresse en 2000 un courrier au Maire Douste Blazy  auquel est joint une première pétition et organise avec

«   Les amis de la Terre   » une manifestation de protestation au pied du pylône, elle restera par la suite à la pointe de tous les combats.

Notre journal (en mars 2000) consacre un article sur le sujet dans ses colonnes, donnant le coup d’envoi de la participation de notre Association Bonhoure Guilheméry Moscou à des actions qui ne feront que s’amplifier et dureront jusqu'à une suppression et une démolition enfin officiellement annoncées. On pourrait écrire un livre afin de relater les péripéties jalonnant le temps qui sépare l’implantation de la suppression. Réunions, courriers, pétitions, atermoiements d’un TDF pas du tout décidé à partir et comportement ambigu d’une Municipalité liée par un bail étonnant et des impératifs contradictoires.

On ne peut pas terminer sans évoquer les principaux et courageux acteurs de cette aventure  :

Les pionniers Sylvette Strickler, Gérald Baillot lui aussi présent dès la première heure et Françoise Busquère. Les membres anciens et nouveaux actuellement aux gouvernes de l’Association, Bartolomé Bosqué, Louis Pons, Louis Lahitte, Frédéric Colomar, Sylvie Castro-Micoud, Thierry Jouclas et Nicole Gisbert, on aimerai les nommer tous ici, connus ou anonymes, dont la présence ou la simple signature ont participé à une aventure dont nous fêterons l’heureuse et prochaine conclusion sur l’emplacement enfin libéré du pylône défunt.


Louis Bergé, le 27 juillet 2013