Prévention Tranquillité
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Président
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Les Incivilités, ça n’arrive pas qu’aux autres
En ville, tous les jours, nous sommes agacés, dérangés, ennuyés, parfois furieux à cause de comportements de ceux qui sont nos voisins. Et en ville dans notre « capitale » régionale fut-elle occitane et fière de l’être, nous avons énormément de voisins.
Les incivilités, comme on les appelle couramment aujourd’hui sont légions et de tous ordres.
C’est la portière d’une voiture à l’arrêt qui s’ouvre juste avant le passage d’un vélo, le vélo qui roule en sens interdit dans une ruelle, la canette vide jetée dans le caniveau, l’appartement qui devient boîte de nuit le temps d’un anniversaire (dans un immeuble de 100 appartements, cela peut faire un anniversaire tous les trois jours), le chien qui balise son territoire de ses déjections sous l’œil attendri de son maître, la voiture qui s’arrête au coin d’un carrefour dangereux ou encore en double file quelques minutes pour que l’un de ses occupants aille recharger son porte-monnaie au distributeur de billets (« je ne m’arrête qu’un instant » sauf que 500 personnes font la même chose chaque jour au même endroit, autrement dit il y a toujours une voiture), les poubelles containers laissées toute l’année sur le trottoir, la sortie d’un garage, d’un emplacement livraison occupé indûment par un véhicule plusieurs heures, la personne bousculée par une autre manifestement plus pressée que la première pour monter dans le bus, ou encore celle toujours aussi pressée qui gagne plusieurs places dans une file d’attente au guichet de la banque ou chez le boulanger, la haie d’arbustes qui déborde largement côté trottoir que du coup l’on ne peut plus utiliser (le must ce sont les prunus, lorsque les prunes tombent fin de l’été, vive la patinoire et les glissades), le mégot allumé que l’on balance n’importe où, y compris, du 4ème étage qui atterrit sur le toit d’une voiture marquée à jamais la pauvre qui pourtant ne demandait rien, le chat compagnon d’une vie abandonné dans la rue parce que vieillissant il commence à avoir une conception particulière du ménage et des produits nettoyants…
La liste s’allonge, s’allonge et devient démesurée si chacun de nous y ajoute toutes les incivilités qu’il croise, remarque, détecte chaque jour…
Le problème c’est que nous sommes sensible aux incivilités des autres, celles qui nous pourrissent la vie, mais par définition nous nous accommodons très bien de celles dont nous sommes les auteurs anonymes, sereins, parfois inconscients, parfois fiers, qui en retour pourrissent la vie de quelques nombreux autres.
Comme nos vies et nos histoires sont différentes, ce qui nous agace, ne gène pas forcément nos voisins et inversement. Tenez par exemple, celui qui n’a pas de garage, n’a aucune raison d’être gêné par une voiture stationnée devant une sortie de garage justement, celui qui fête son anniversaire et dont les voisins ne fêtent jamais le leur ….Comme quoi, plus nous sommes nombreux, plus nous avons de raisons de nous détester et cerise sur le gâteau, nous sommes tous facilement pour le changement du voisin, mais pas vraiment de nous-mêmes.
Et si je faisais un peu attention à mes voisins, y compris, les jeunes, les vieux, les sans-âges, les blancs, les noirs, les bleus, les riches, les pauvres, les valides, les handicapés, les malades, tous quoi pas seulement ceux qui me ressemblent « oh miroir, miroir dit moi qui est la plus belle… » demande la reine dans Blanche Neige.
Pour terminer faisons un petit détour au pays des fables avec notre ami Jean de La Fontaine :
« Mère Ecrevisse un jour à sa fille disoit :
- Comme tu vas, bon Dieu ! ne peux-tu marcher droit ?
- Et comme vous allez vous-même ! dit la fille :
Puis-je faire autrement que ne fais ma famille ?
Veut-on que j’aille droit quand on y va tortu ?
Elle avait raison : la vertu
De tout exemple domestique
Est universelle, et s’applique
En bien, en mal en tout ; fait des sages, des sots ;
Beaucoup plus de ceux-ci… »
Et j’ajoute, être, à mon tour, bien sûr, le sot de quelques-uns, La Fontaine ne m’en voudra pas, j’espère.
Jean-Brice Cussac
Journal Avril 2009