Histoires et rues....

 
 


Terre Cabade : Un Village dans la Ville



Un village dans la ville, voilà ce qu’est le territoire de nos quartiers Bonhoure, Guilheméry, Moscou. Dans ces quartiers plutôt agréables à vivre, les centres d’intérêts ne manquent pas. Si l’on regarde un plan de la ville, nous pouvons y voir la présence de beaucoup d’espaces verts dans une zone située sur les collines qui dominent la ville, avec notamment le bien nommé quartier de Jolimont. Il faut noter que sur ces hauteurs a été érigé le premier relais télégraphique toulousain de Chappe, en 1834.


Un grand espace commun recouvre ces quartiers, c’est le cimetière de Terre Cabade qui existe sur son emplacement actuel depuis 1844. Il n’a pas la majesté et les dimensions du cimetière du Père Lachaise à Paris, mais il mérite que le promeneur s’y attarde pour une visite au cours de laquelle il pourra admirer des réalisations architecturales remarquables. L’entrée avec ses obélisques et ses pavillons à colonnades en brique rouge est inspirée de l’Egypte antique. À l’intérieur, des chemins circulaires permettent de s’égarer au milieu d’une abondante végétation dans laquelle s’est érigée une véritable ville avec comme des avenues et des rues bordées de tombes dont certaines, à plusieurs étages, sont de véritables œuvres d’architectes de style néo-roman ou néo-gothique. Elles abritent les dernières demeures de nombreux toulousains parmi lesquels des personnalités qui ont illustré la ville de Toulouse dans les domaines de la politique, des arts, de l’industrie, de la Résistance.


C’est ainsi que l’on peut y retrouver la tombe d’Aristide Bergès, le Père de la Houille Blanche qui a su appliquer l’énergie des hautes chutes à la production d’électricité, celle de la famille Cabanis dont l’un de ses membres fut Maire de Toulouse au XIX° Siècle, et un de ses descendants, José Cabanis, romancier, qui a donné son nom à la Médiathèque. On peut admirer également un véritable monument autour de la famille Courtois de Viçose, descendants de Capitouls et de banquiers.


Parmi les artistes, reposent le plus grand sculpteur toulousain du XIX° siècle, Griffoul Dorval à qui l’on doit la statue de Pierre Paul Riquet créateur du Canal du Midi, et aussi le peintre Jean Suau, professeur à l’Ecole des Beaux Arts qui fut l’un des maîtres de Dominique Ingres, sans oublier le banquier Théodore Ozenne, mainteneur des Jeux Floraux, qui légua à la ville l’Hôtel d’Assézat, joyau Renaissance, vestige de la période de richesse qui coïncida avec l’exploitation du pastel.


Une curiosité est la tombe de Sainte Héléna, toujours abondamment fleurie, recouverte de plaques de remerciements, Sainte qui a la particularité de n’avoir jamais été canonisée, mais qui est toujours vénérée. Cette tombe est d’ailleurs voisine de celle de Marcel Langer, héros de la Résistance, guillotiné à la Prison Saint Michel en 1943.


Beaucoup d’autres noms connus des toulousains gravés sur les plaques de nos rues, avenues et boulevards, se retrouvent au cours de cette visite si intéressante.



Jean Esclassan

Novembre 2009